Le goût du jour

Par Monique Pagé

Toucher. Explorer de sa main, ses doigts, ses lèvres, sa langue… Apprécier, grâce aux sensations tactiles, ce qui est granuleux, lisse, râpeux, piquant… On peut gouter pour mieux toucher, car il est des sensations tactiles qui sont buccales.

Qui peut mieux toucher qu’un enfant? Elle se nomme Lili. Elle touche avec sa bouche. Elle n’avait que deux ans, lorsqu’elle a mangé sa première fourmi. Antérieurement déjà, le contenu de sa couche témoignait de ses excursions buccales dans le bac à sable.
Elle en a maintenant quatre et ça continue. Elle goute tout ce qu’elle manipule.
Je l’invite à se joindre à moi pour une balade entre les arbres du parc.
Viens! Nous découvrirons des merveilles!

Du bout des doigts, je palpe les aiguilles d’un pin sec, puis celles d’un pin sain. Les secondes me paraissent plus lisses, plus homogènes. Les premières, plus friables.
Lili arrache trois aiguilles qu’elle glisse dans sa bouche, son nez, et même dans une oreille. Puis crache. Elle court vers un arbre au tronc parsemé de lichen.
L’écorce, bien que râpeuse, peut être marquée par un ongle. Le lichen mou en ce jour humide se détache par miettes. Inutile d’insister, nous sommes ici pour apprécier, et non détruire. Direction douceur : de la mousse, un tapis, épais, rebondissant. Et plein de chlorophylle prête à être mâchée. Hum!


Ce texte a été écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture géopoétique sur les parcs.

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