Par Ann Lévesque
C’est sur le site de l’ancien hôtel de ville de Ripon que tu as été érigé. Toi, petit parc à l’allure attirante, tu ne
sembles pas avoir de nom.
Délimité par deux chemins de graviers, la rue principale et un terrain vacant bordé de graminées et de fleurs
sauvages, tu as jadis été le lieu de rassemblement par excellence des riponnais.es.
Entouré des vestiges du passé, les souvenirs des soirées dansantes, des machines à tisser et des rires des
enfants sont encore présents dans ton sol sablonneux. La vieille grange d’à côté me l’a chuchoté.
Tu es toutefois aujourd’hui peu fréquenté. À part moi qui te scrute à l’herbe près et les papillons qui butinent
joliment les prunelles et les millepertuis, c’est le calme plat.
Une petite fille aux cheveux ondulés joue dans le gravier délimitant le parc. Pourquoi donc ne traverse-t-elle
pas la frontière pour venir profiter de tes bontés ? Serait-elle déjà sensibilisée à la notion de propriété ?
D’un air invitant, tu es doté d’une table de pique-nique et d’un banc pour accueillir des gens et des familles
comme autrefois. Et pour t’enjoliver, des pommiers, des pruniers, des sureaux et des noisetiers se sont
enracinés pour rebâtir tes fondations.
Symbole d’abondance, ces arbres nourriciers réveilleront peut-être tes mémoires d’une époque où l’art du
vivre ensemble faisait déjà tout son sens. D’ici là, je me souviens de toi.


N.B. : ce texte ne porte pas sur Ahuntsic, mais il a été écrit le 2 juillet, pendant l’atelier d’écriture géopoétique sur les parcs.
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