Par Colette Filion
En ce jeudi de mi-mai, en fin d’après-midi, je décide d’aller me balader dans la ruelle de la rue de la Roche, située derrière l’église St-Ambroise. À mon arrivée, j’admire un long moment le vert des feuillages des arbres et le jaune des pissenlits qui parsèment le sol comme des dizaines de petits soleils. Je respire à pleins poumons l’odeur des lilas mauves. Après un instant, je découvre que ce lieu fait remonter en ma mémoire de tendres souvenirs de mon enfance, ce temps où tout me semblait plus simple et au cours duquel un objet des plus banal me procurait de belles journées de joies, de jeux et de partage avec d’autres enfants. Ce lieu me semble bien familier à bien des égards, mais en même temps, différent de l’époque à laquelle je jouais dans les ruelles : comme cette piscine que je vois dans cette cour. Je me fais la réflexion que cela n’existait pas lorsque j’étais une fillette. Les gens se rendaient alors à la piscine municipale lorsqu’ils avaient envie de se baigner. J’entends la poulie d’une corde à linge. Je lève la tête et je remarque un homme qui suspend ses vêtements. Je me dis : il y a cinquante ans, cela ne se serait point vu. En cette période, c’était la tâche des femmes de faire la lessive. J’aperçois sur une branche d’arbre un pic-bois. Je pense : je ne savais pas qu’il y avait cette espèce d’oiseaux en ville. Je regarde une fillette sauter à la corde à danser et tout à coup, je rêve que c’est moi qui saute à sa place et pour accompagner mes sauts, je chante dans ma tête les douze mois de l’année… Je souris à ce souvenir lorsque tout à coup se met à sonner la cloche de l’église. Il est midi. Les enfants courent chez eux pour le diner. Je me retrouve seule avec mes souvenirs. Je reprends ma route pour retourner chez moi, un peu nostalgique.
N.B. : ce texte, s’il s’écarte d’Ahuntsic, a été écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture géopoétique sur les ruelles.
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