Par Karine Légeron
Je viens d’un coin de France où les nom propres prennent parfois de grandes libertés avec la prononciation. Quéven se prononce [Quévin], mais Erdeven se dit [Erdevène] et Treffendel, [Treffendel]. Guengat se prononce [Gu-ène-gatt], et quand on veut parler du paysagiste de mon village qui s’appelle Le Pendu, on doit dire [Pindu].
Je n’aurais donc pas dû être surprise, et encore moins intimidée, par ce toponyme, quand, m’installant à Montréal, je cherchais un lieu à habiter. Pourtant, j’ai immédiatement buté sur « Ahuntsic », maladroite à le prononcer, et aujourd’hui encore, vingt ans plus tard, je ne l’ai pas tout à fait.
J’ai mis longtemps à m’intéresser à ce qui se cachait derrière le toponyme : un homme, un jeune garçon mort dans la rivière des Prairies en compagnie du père Nicolas Viel en 1625, et dont certains disent qu’il était un truchement quand d’autres croient qu’il était un jeune Huron que Viel souhaitait instruire. Quoi qu’il en soit, c’est en son honneur que ce qui était alors un village fut nommé Ahuntsic, en 1897.
Après avoir découvert le nom, puis l’homme, je rencontre le lieu. Depuis quelques semaines, j’arpente les rues, les ruelles, les rives, je flâne. J’essaie de me laisser imprégner par le quartier.
Qui sait? Peut-être qu’en septembre, Ahuntsic acceptera de dire son nom à travers moi.
Votre commentaire